En hiver vous voyez régulièrement un cardère sauvage qui dépasse le paysage mort. Jadis des anges ont offert des cardères sauvages à un homme pauvre pour le remercier de son accueil chaleureux. La raison pourquoi ces envoyés du ciel étaient reconnaissants vous entendez dans cette légende arabe:
Il y a tres longtemps, un soir, on frappait à la porte d’une petite maison délabrée. Le pauvre habitant s’étonnait d’une visite si tardive mais allait quand même ouvrir la porte. Il y trouvait deux hommes qui avaient l’air fatigués. Le plus petit des deux demandait: ‘Cher monsieur, vous n’auriez pas par hasard une place à dormir pour deux voyageurs fatigués?’ Avec hospitalité l’habitant invitait les inconnus à entrer, partageait le peu de nourriture qu’il avait et aménageait dans sa petite maison une place à dormir pour eux. Les voyageurs restaient quelques jours ce qui épuisait ses réserves de nourriture. Le troisième soir, le pauvre s’excusait, gêné: “J’aimerais bien vous recevoir de façon hospitalière, mais je ne suis qu’un homme pauvre. Je ne peux plus vous offrir de repas, mes chers visiteurs. Il ne reste plus rien à manger. Je vous conseille d’aller frapper à la porte de mon voisin, qui est riche.” Mais à la porte de la maison en pierre blanche du voisin riche, les voyageurs étaient remballés avec quelques pièces de monnaie. Les deux hommes partaient. Derrière leur fenêtre l’homme pauvre et l’homme riche regardaient comment les deux voyageurs poursuivaient leur voyage par le chemin plein de poussière et … comment tout d’un coup ils se changeaient en anges et revenaient. Les anges donnaient à l’homme pauvre un petit paquet de semences et à l’homme riche un plus grand paquet de semences. Pleins d’espoir les deux hommes semaient et nerveux ils attendaient ce que les semences reçues du ciel allaient devenir.
L’homme inhospitalier voyait paraître de jolies fleurs qui malheureusement ne fleurissaient qu’un jour. “Ces fleurs ne sont pas seulement invendables, mais en plus elles empêchent les autres plantes de pousser!”s’exclamait-il d’un ton fâché. Quelques années plus tard il était pauvre.
L’homme pauvre mais hospitalier était également déçu: “Chers anges, pourquoi ai-je reçu ces semences?” parlait-il au ciel. Elles ne produisent que de hauts chardons et des épis piquants. Qu’est-ce que je dois en faire? Les fleurs ne sont même pas jolies et les épis sont couverts de couches bizarres de petites fleurs bleues.”
Une nuit les deux anges apparaissaient dans son rêve et ils lui transmettaient le message: “Charge les boules de chardon sur une charrette et vend-les au marché en ville à des éleveurs de moutons. Dis-leur que ça leur permettra de mieux carder leur laine.” Le lendemain il allait plein d’espoir au marché avec une charrette pleine de boules piquantes et à sa grande surprise le soir il rentrait chez lui avec beaucoup d’argent. En quelques années de temps il était un homme riche.
Depuis les éleveurs de moutons utilisent ces boules pour carder leur laine et les gens ont donné le nom de “cardère sauvage” à la plante.
En latin, le cardère sauvage s’appelle Dípsacus fullónum. Dipsacus signifie gobelet: au pied de la plante les feuilles des tiges se sont soudées et forment une espèce de petit récipient dans lequel les gouttes de pluie se rassemblent; de petits animaux, par exemple des insectes l’utilisent pour boire. En bas de la nervure principale de la feuille et aux tiges il y a de vilains piquants.
Les nombreuses fleurs se trouvent sur le réceptable commun qui a la forme d’une boule piquante. La floraison se passe d’une façon particulière: elle commence au milieu, puis les petites fleurs bleues violettes claires fleurissent de façon circulaire. La floraison se divise en deux parties: d’une part il y a des couches qui fleurissent en montantt, d’autre part des couches qui fleurissent en descendant. Beaucoup d’abeilles, de papillons et une sorte de mouches viennent chercher du miel dans les petites fleurs. Quand la plante est sèche, elle reste encore présente pendant des mois entiers et elle rend le paysage hibernal joli.
© Els Baars, Natuurverhalen.nl